Sylvie Pires Da Rocha vit et travaille entre Nantes, Porto et Lisbonne
1990-1993 En 1990, en route pour le Portugal, son père lui offre son premier appareil photo argentique. Ne parvenant pas à photographier les gens, l’artiste s’intéresse à l’architecture, les azulejos et les figuras de convite. 3 ans plus tard, elle sillonne seul ce pays et emporte avec elle « La chambre claire » de Roland Barthes. Sa lecture est un véritable choc, elle découvre que la photographie, au-delà de la technique, permet de se raconter, de livrer une expérience, qu’elle est à la fois trace et mémoire. Un ouvrage qui la suit encore aujourd’hui.
1996-2000 Sylvie Pires da Rocha suit une formation universitaire en arts plastiques mention photographie et art contemporain à Paris 8. Dans ce cadre, elle réalise ses premières interventions performatives dans des espaces publics. Portée par le mouvement Fluxus, sa pratique vise à perturber subtilement notre environnement : troubler un alignement de fleurs, en déplanter une et la replanter légèrement plus loin pour créer une sorte de dérivation. Il s’agit, par l’absurde, un presque rien et un peu de poésie, de modifier l’état d’esprit du regarder qui aura su déceler cette incongruité.
2000 À 26 ans on lui offre « Enseigner et apprendre, arts vivants » de Robert Filliou. Elle retient la nécessité de créer une relation à l’autre pour apprendre. Dès lors, elle crée des contextes proches du jeu qui offrent à l’autre la possibilité d’interagir et de devenir à son tour acteur. L’artiste s’intéresse aux réactions que ces situations génèrent. Cette même année, ses parents lui offrent sa première figuras de convite, ces azulejos traditionnels répondent précisément à cette mise en mouvement recherchée chez le spectateur.
2018 À l’occasion d’une lecture portfolio, une galeriste lui fait remarquer qu’elle ne pratique pas une photographie conventionnelle, bien qu’elle en maîtrise tous les aspects techniques. Ce retour l’ébranle autant qu’il la révèle en tant que plasticienne et non plus seulement photographe. Elle engage une réflexion profonde sur son travail et les formes à lui donner. La 2D ne lui permet plus de traduire l’ensemble de sa pensée, elle explore d’autres pistes.
2020 La plasticienne affirme une pratique artistique au sein de laquelle l’image est constitutive d’un tout. La figuras de convite revient à son esprit. Elle photographie des personnages de rue et les libèrent par le volume sous la forme de silhouettes de ciment et pigments photo. Ils sont systématiquement associés à une invitation écrite à agir ; une manière de sortir le regardeur d’un état contemplatif et de lui faire vivre une véritable expérience. Sylvie Pires da Rocha est créatrice de pas de côté, ce pas qui nous fait voir les choses sous un angle nouveau.
Virginie Baro, galeriste et accompagnatrice d’artistes