Nos silences sont contagieux

Des mots flottants au dessus de nous,
je ne sais pas vraiment d’où ils viennent

Les respirations sont courtes,
nous n’entendons plus la nuit

Je retiens mon souffleeeeeeeeeeee,
je compte jusqu’à vingt.

Un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit, neuf, dix, onze, douze, treize, quatorze, quinze, seize, dix-sept, dix-huit, dix-neuf
Vingt
Je suis en apnée

Les clapis des radiateurs résonnent dans les murs de la maison,
ils nous tiennent en éveil,
ils nous retiennent

Je recherche le silence « zéro »,
celui, par qui, tout a commencé

D’abord il y a eu le silence de ce repas
Puis les silences des trois repas de ce dimanche
Ensuite les silences des vingts-et-un, repas de toute une semaine
Puis les silences des quarante-deux repas de toute une deuxième semaine
Puis les silences des cent-cinq repas de tout un mois

Puis le plein silence,
un silence rond, entier c’est installé dans notre quotidien
Il a pris place dans nos rues,
Dans nos villes
Dans nos vies.

Je comprends aujourd’hui que nos silences sont devenus contagieux